TEMOIGNAGES

Le partage.
Partageons nos vies, nos émotions, notre bol de riz.
Pendant 15 jours nous avons tout partagé, tout donné aux uns et aux autres et tout reçu des uns et des autres.
Il était une fois une rencontre.
Un prof, des djeuns, cool et engagés et un cancre.
JUMLA est née et nous a porté jusqu'à Kabadio...

Nous avons vu l'autre sans le juger,
nous avons entendu l'autre sans le juger,
nous avons parlé à l'autre sans le juger.

Et les 3 singes...
nous n'avons pas épié ; la pudeur, le respect le Kankouran,
nous n'avons pas écouté ; la souris, la douleur, les touristes,
nous n'avons pas parlé ; la rumeur, le silence, la tolérance.

Je connais tout ça depuis bientôt 10 ans.
Je n'avais à priori rien à apprendre d'un petit séjour de 15 jours...

mais j'ai vu, j'ai entendu et j'ai parlé aux 3 singes, je les ai rencontré, découvert, touché. Enfin.

Si j'arrive à lire un truc comme ça même devant 3 personnes... attendez je vais trouver une version light, comme le Coca !

A vous...

Justine...Il ne faut pas se laisser impressionner par le coeur des autres pour arriver à ouvrir le sien !

Benj a commencé à écrire et c'est trop bon.Si chacun en parallèle de son témoignage écrit un truc comme ça. On peut en faire un vrai petit bijou de diaporama mi-photo, mi-texte pour clôre vos témoignages.

Benj est un grand môssieu( c'est mon frangin en fait. Il ne le sait pas, vous non plus : notre mère c'est l'éducation nationale et notre père c'est le kankouran !), bon, mais ce que moi j'ai vu durant cette année écoulée, c'est que vous, aussi, avez une richesse humaine qu'il vous faudra faire fructifier mais que vous pouvez déjà faire partager. N'écrivez pas comme Benj ou comme moi, ne pensez ni comme lui ni comme moi, dites simplement ce qu'a été ce voyage, ce qu'il reste de ce voyage au fond de vous (Parce que dessus, einh, appremment, y'en a qui n'ont plus grand chose et qui perdent leurs poils par poignée. Ouarffff. Thomas, t'aurais du te faire des tresses aux jambes !)

Merci Justine de lancer le mouvement. C'est ce qu'il faut. Ce sont tes paroles, tes impressions, c'est bien comme ça.

Bravo Juju.
Ca c'est l'Afrique !

Eh bien ça y est, vous avez reussi à me faire pleurer une fois de plus...vraiment merci !

....euh au fait j'avance sur mon temognage aussi !

Benj a parlé de ce soir 20h dernier delai...??? Après on est mort c'est ça ? Parce que moi ce sera après, ça va trop pas comme ça devrait aujourd'hui... alors patience.

Moi j'avance pas, je régresse, c'est nul et j'ai pas d'idées.

Les Epiceries
A Kabadio, il y a un marché qui vend des fruits et légumes produits sur place. Les épiceries sont de très petits magasins où on vend un peu de tout. Ce qui est surprenant, c'est que tout s'achète par petits sachets (environ 50 mL), car il n'y a pas assez pour acheter en grosses quantités. Tout est utilisé en une seule fois, il n'y a pas de réserve, et dès qu'on a besoin de quelque chose il faut aller l'acheter à la boutique. Par exemple, on va acheter un sachet de sucre pour le thé. Il y a très peu d'ingrédients différents. Les boulangers du village les apprivisionnent en pain.
Le sucre et l'huile sont utilisés en grosses quantités, il n'y a aucune information sur les risques que ça présente.
La gestion des déchets
Tout les déchets sont jetés par terre. Pas de problème pour les épluchures, et les déchets biodégradables : les animaux, omniprésents dans le village, les mangent. Les bouteilles plastiques sont systématiquement récupérées car elles sont remboursées par le boutiquier. Mais les sachets plastiques, les emballages aluminium et les piles se retrouvent par terre. Il n'y a aucun système de ramassage de déchets. Comme les femmes balayent tout le village tout les vendredi avant la prière, les rues sont propres. Mais les déchets sont autour du village, un peu à l'écart. La plupart des habitants n'ont pas conscience que le plastique ne se dégrade pas et pollue, ni même que les piles sont dangereuses (ils laissent les enfants jouer avec, les mettre à la bouche...)
Musique
Nous sommes allés voir l'orchestre Mama Sao Band, à Bandikaki. Ils jouent avec des percussions, une batterie, 2 guitares électriques, une basse et les micros et amplis qui vont avec. Il y a aussi une chanteuse-danseuse.
Au concert (commencé 4h après l'heure prévue) il y avait une super bonne ambiance, avec plein de femmes qui dansaient (pas d'hommes).
Avec l'arrivée de l'électricité, de plus en plus de gens ont des postes CD, K7, des radios. La radio est assez écoutée, ce sont des radios grandes ondes avec une très mauvaise qualité.
Il y a peu de CD, on utilise beaucoup de K7. Ce sont surtout des K7 de percussions, de reggae, du rap/r'n'b. Il y a des rappeurs sénégalais, mais ils écoutent beacoup de rappeurs mondialement connus.
Le volume est souvent à fond, pas vraiment de connaissance des dangers pour les tympans... La musique est la pupart du temps pour danser, même le reggae, etc.

Eve, la soirée pain bordel, je vais pas te doubler là dessus !!!

Remarque si tu veux... C'était une très belle soirée pour moi : photo, artisan, discussion avec les amis et le silence, et le calme. Des fois, des soirs comme ça, on est bien.

toute façon c'est ce soir CFA, non ?

et les garçons, ça écrit aussi ???

bon ce sera demain cfa...

CFA ou pas moi j'hallucine.

Ou sa sort tout seul ou sa sort pas mais faut pas dix plombes pour exprimer ce que l'on ressent surtout qu'en on sait écrire et qu'on a la chance de pouvoir s'exprimer.

Et puis pour faire "critique un peu blazé jusqu'au bout", je ne pense pas que les gens ont besoin de venir vous écouter pour savoir combien les voitures ont de roues en Afrique ou combien coûte un paquet de biscream, aliment de base des noirs en 2007...

Enervé et un peu en colère.

et bin calmos l'ami si t'es en colère.
Faut juste avoir le temps de se poser, et je l'ai pas.

Ce sera cfa et en douceur.

mon témoignage avance ( un peu cfa il est vrai, mais j'ai garder un peu de temps pour les révisions...) je vous le poste demain ( pas CFA ) je l'ai presque fini =)


T'énerve pas robin, pas contre un conscrit

Ah mais Thomas, on t'a pas dit au fait. Mais si tu fais tes conscrits tu rembourses le voayge. C'était ça le contrat, non ?

Putain je l'ai trouvé notre slogan pour 2009 : "un voyage pour un cerveau"

Je sais, mon truc, c'est nul, désolée.
Je sais pas quoi dire, y a plein de choses à raconter et j'ai choisi au pif, mais j'arriverais pas à faire un joli témoignage un peu personnel comme vous (surtout devant plein de gens).

Oups là, le moral est dans les chaussettes là. Déconnez pas les jeunes, on peut blaguer, non. Le coup du cerveau, je disais ça rapport aux conscrits... Tu fais pas tes conscrits Eve rassure moi ?

Et oh, ton début de témoignage est ce qu'il est. On n'est pas obligé d'avoir le style lyrique pour faire un témoignage personnel. Chacun a sa personnalité. Combien ai-je rencontré de gens qui dans le discours, les mots, ne manifestaient pas forcément un romantisme débordant et qui pour autant étaient sensibles et intelligents ?
Devant du mondes, tu crois quoi ? Que je vais être capable de lire ce que je suis en train d'écrire ? Que dalle ! Et comptez pas sur moi, l'émotion m'a toujours pourri mes discours en public alors je resterai sans doute très descriptif à l'oral, comme toi sur ce témoignage et c'est très bien. Si je te mets une photo du boulanger et que tu causes 5 min sur cette soirée géniale, la chaleur, le thé, l'obscurité, l'exiguité, l'excitation d'essayer de faire malgré tout une bonne photo, tu feras un tabac.

Allez, Haut les coeurs !

Un premier témoignage, juste sur l'école, les cours.
Je ne pourrai en éviter un autre sur mes matins seuls dans le village et alentours...

Que les choses soient claires aussi. Je m'inspirerai de ça pour dire ce que je veux dire sur l'école et si vous ne l'avez pas déjà dit mais je ne compte pas lire ça, lire tout ça. C'est aussi pour poursuivre le partage entre nous, jusque dans l'écrit.
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Je ne suis pas né prof.
Je le suis devenu. Petit à petit.
Et encore aujourd'hui, toujours plus, je le deviens.

Ce sont les élèves, les enfants, les jeunes, c'est vous qui me faites avancer et qui m'apprenez mon métier. Ce sont eux, là bas, à Kabadio qui me disent ce que je n'entends pas assez ici, que la connaissance est belle, qu'elle fait avancer l'Homme, et que si elle n'est utile à rien, aura au moins servie à nous rapprocher, à nous faire comprendre, peut être à nous faire nous aimer.
C'est vous qui ramenez ce message avec moi. C’est vous qui avez vu le trésor que représentait ces 200 kg de revues destinés ici à la déchetterie.

Il faut parier sur l’intelligence des élèves. Nous l’avons fait, nous n’avons pas été déçus. Quelle alchimie permet d’expliquer que malgré la chaleur, la fatigue, les vacances, un monde à découvrir, nous nous retrouvions tous les jours (ou presque) pour travailler ensemble (de la physique, des maths, de l’HG, de la philo,…), élèves d’ici et de là bas ? Que je suis fier de vous et de ces élèves, méritants, collégiens et lycéens de Kabadio, qui avez travaillé sans que le prof que j’étais là bas, aussi, eu besoin de dire quoi que ce soit !

Je garde un souvenir ému de ces élèves de Kabadio, avec leur cahier petit format à l’écriture serrée mais claire, à l’utilisation de toutes les marges pour ne rien gaspiller de ce papier jauni.
Je me souviens surtout qu’il me fallait dire à certains, après 3h et de nombreux exercices donnés, faits puis corrigés « on continuera demain » , sans quoi, j’y serai encore à leur donner des exercices tant leur soif de comprendre et de disposer de temps avec un enseignant est grande.
Et même si ce cher Ali Mamo n’a, je crois, toujours pas compris le développement et la factorisation, je peux vous dire qu’il a essayé. Et quand Diéré m’a montré ses exercices de mécanique parfaitement maîrisés, rédigés, je fus admiratif qu’on puisse atteindre un tel niveau en 1èreS en ayant appris à lire à 7 ou 8 ans, sans manuel, à 60 par classe et sans espace de travail (et d’éclairage !) à la maison, sans parent susceptible de vous faire réviser, sans professeur disponible (comment le seraient ils avec autant d’élèves ?) pour comprendre un point de cours.
J’ai éprouvé de la jubilation enfin en pouvant discuter avec eux de sujets éminaments politiques et qui feront l’avenir du monde. Je le savais et aujourd’hui j’en suis sûr : il y a là bas des Hommes intelligents avec qui il est possible de construire un monde équilibré.
Quel plaisir j’ai pris à aider ces jeunes si fier et heureux que je sois là pour eux.

Je n’étais pas venu pour eux pourtant, il faut bien le reconnaître.
J’étais venu pour mes élèves (pour vous), pour l’école, pour Benj, pour moi.
Mais après coup, je m’interroge : en suis je si sûr ? Ne voulais je pas vérifier ce que je savais déjà ? Que partout, la connaissance désirée est source d’espoir et de révolution des consciences ?
Tous ces élèves ont mille choses à construire, dans leur village, dans leur pays et ce dans des conditions que nous n’accepterions pas. Ils croient malgré tout y arriver. Ils vont y arriver. Personne ne les empêchera d’y arriver.
Je suis venu sans savoir ce que je trouverai exactement à Kabadio.
Je suis venu ouvert à tout et tous. Je n'ai pas été déçu. J'ai fait de belles rencontres. De grands Hommes sont venus à moi. On a échangé. j'ai écouté. Je n'ai pas compris. J'ai demandé à ce que l'on me réexplique. J'ai mieux compris et j'ai partagé. Alors je souhaite mille choses à Mohamed pour qu'il réussisse son projet. Parti sur une pirogue aux canaries, il ne veut désormais plus quitter le village et aider les jeunes à lire, à apprendre, à travailler le soir après les cours. Quand on a un jour accepté de tout laisser derrière soi, quand la chimère de l'occident s'est effacé, il reste ce qui fait l'afrique que j'ai découverte et aimé : la solidarité. Et Mohamed, aujourd'hui, il y croit à son projet d'aide aux élèves de Kabadio. Il m'a accueilli et traité en frère parce que j'étais un professeur, parce que j'étais venu de loin, parce que j'ai écouté son projet. Merci à lui et à d'autres pour la chaleur de cet accueil.

Dans cette école aussi, avec ces enseignants, j’a vu une afrique en marche. La France a oublié ses hussards noirs depuis longtemps, ceux qui ont alphabétisé, élevé les paysans français, fait reculé l’obscurantisme et le dogmatisme, le tout au nom de l’égalité et de la fraternité.. Moi je les ai vu, un siècle après, 4000 km plus au Sud !
Pas d’éloge de la misère, surtout pas. Mais la prospérité de l’occident nous empêche d’ouvrir les yeux sur les combats que mènent, que sont forcés de mener certains Hommes. De petits salaires (quand ils arrivent) des classes de 60 élèves, aucun matériel pédagogique, des classes en tôle, en palmier et en serpents : la réalité ne m’a pas choqué, elle m’a impressionné. Ces enseignants m’ont impressionné. Jour de grève, de vacances ou de fête, ils restent des enseignants, ce que nous n’osons pas toujours demeurer à chaque instant et jusqu’au bout des ongles, ici en France. J’ai laissé entrer en moi ces impressions et je les ai ramenées .

Sékou qui rigole, Sékou qui fait travailler les CM2 pendant les vacances. Sékou mon collègue, mon frère. Diédhiou qui sourit, Diédhiou qui rame, qui fédère, qui tempère, qui remercie. Diédhiou le hussard, l’africain.

Je ne suis plus le même enseignant. C’est la loi du métier.


J’aurai regardé vivre ces élèves, ces enseignants, ce village, et je leur ai trouvé le courage des anonymes et du quotidien. J’ai entendu leurs besoins, j’ai senti leur envie et leur regard amical posé sur moi. Ils m’ont dit, ils nous ont dit : « fais si tu peux. Fais si tu veux ».

L’évidence est là : je me souviens que j’ai commencé à aimer l’école en primaire, avec les gravure du moyen-âge, avec le « little professeur », avec les coccinelles de mon livre de math, avec les rédactions utopistes, avec l’élevage de mouche, avec les heures passés dans la bibliothèque. L’évidence est que l’Afrique vient de m’offrir une nouvelle plongée dans ce bonheur qu’est la découverte des livre et du monde. L’évidence c’est que ne pas y retourner serait m’amputer d’une partie de moi-même.

après le reggae-time, c'est le témoignage-time !

Je bosse les diaporamas ce WE siou plait et j'en ai besoin pour chopper deux ou trois phrases.

Je vois benj samedi aprem pour un choix de photos plus restreint, notamment pour ces témoignages